Brin de Folie

Au lendemain de la journée mondiale de l’eau, le ministère de l’Environnement vient de publier les chiffres clés de l’eau et les milieux aquatiques (fichier Pdf). Comme chaque année, ces indicateurs permettent de prendre la mesure de la pollution invisible devenant de plus en plus envahissante.
De ces données, quelques unes nous interpellent et plus particulièrement concernant la pollution des eaux par les nitrates. Ainsi si l’évolution de la pollution des cours d’eau par les nitrates et les phosphates avait baissé de l’année 2010 à 2011 pour passer de l’indice 98 à l’indice 85, on note depuis depuis deux ans une remontée importante de cette pollution frôlant l’indice 100.

Une telle augmentation ne peut s’expliquer que par une réelle augmentation des ventes de produits phytosanitaires. Elles suivent la même courbe ascendante, se juxtaposant avec la remontée de la pollution en nitrates.

De tels chiffres valident ce qui paraissait comme une évidence. En effet, le secteur agricole consomme de plus en plus de pesticides, avec une hausse annuelle moyenne de 5,8 % entre 2011 et 2014, qui s’est même accélérée ces dernières années (+ 9,4 % entre 2013 et 2014). Alors même que les rendements ne progressent plus : céréales, oléagineux, poires, pommes ou betteraves sont moins productifs qu’en 2009, la France, premier producteur agricole en Europe est le deuxième consommateur de pesticides derrière l’Espagne.
Dans le même temps l’évolution de la part de la population desservie par une eau non conforme au regard des limites autorisées pour les pesticides au moins une fois dans l’année, est remontée à partir de l’année 2011.

Dernière information et non de moindre puisqu’il s’agit des différents polluants identifiés dans les eaux souterraines des sites pollués en 2015. Une part importante vient des hydrocarbures (27,9%, des métaux et métalloïdes (20,4%), mais alors qu’il s’agit de mesures venant de manières générales de sites industriels on trouve entre autre là aussi des pesticides à hauteur de 11%. Un tel chiffre prouve une nouvelle fois que la pollution agricole se joue des frontières des nappes souterraines et qu’une telle porosité n’a pas encore jusqu’à présent été bien mesurée.

L’omniprésence des pesticides étant bien réelle, puisque comme le rappelle l’Institut de veille sanitaire, 100 % de la population française en porte des traces, même à des doses très faibles, 10 chiffres pour bien comprendre l’importance de l’eau dans notre vie quotidienne.