Rubrique Une p’tite toile

Agriculteurs pollueurs et ce n’est pas Demain

Plus de cinq cent mille personnes ont déjà vu le documentaire Demain, nous annonce le site Demain-lefilm. Pour un film à financement participatif c’est très bien. Il est de plus nominé pour les César 2016 en tant que meilleur documentaire. Alors, nous sommes dans un monde (presque) parfait, aussi bien pour les réalisateurs Cyril Dion et Mélanie Laurent, que pour le reste de la planète. Car si la conscience collective d’un monde meilleur est en marche, tout ne pourrait que s’améliorer.

Hélas, ce n’est pas le cas et cela se passe chez nous en France. En bas de chez vous plus exactement. Nous voulons parler de la pollution de nitrate de plus en plus importante et dont personne ne veut aborder le sujet.
Une pollution insidieuse émanant principalement des cultures, chères à nos « merveilleux » agriculteurs qui au moindre « pépin » viennent manifester devant les préfectures en déversant du lisier. Des pollueurs en puissance, se considérant comme des intouchables et osant tout faire sans que les pouvoirs publics ne disent rien. Des pollueurs en puissance qui malgré les injonctions de la C.E.E. continuent d’utiliser des produits polluants avec la consommation d’engrais minéraux azotés, qui représente 20 % des achats de l’Union européenne. Ainsi, sur les 2,2 millions de tonnes achetées en 2013, 1,5 million était en surdose. Oui, vous avez bien lu, plus de la moitié ne servait pas à améliorer les rendements des cultures françaises. Alors où va cet excédent ? « Une fois dépassée la dose que la plante peut absorber, il se disperse dans la nature. Or, les pertes atteignent 50 % dans l’Hexagone, et même parfois 80 % s’agissant de l’azote de synthèse. Du coup, chaque année, 600 000 tonnes se volatilisent dans l’air, tandis que 900 000 se dissolvent dans l’eau », comme le souligne cet article du journal Le Monde (édition abonné).

Pour bien comprendre cette pollution entrainant obligatoirement dans un futur proche des maladies graves, ressortons nos « vieilles » cartes exploitables à partir du site GEOIDD (GEOgraphie et Indicateurs liés au Développement Durable).
Il y en a une qui nous interpelle toujours autant. Il s’agit de celle concernant :
 la place de la SAU (Surface Agricole Utile) consacrée en grande partie à la production agricole,
 la qualité des eaux souterraines avec leurs valeurs en nitrates,
 les volumes d’eau potable prélevés pour notre alimentation.
Dit ainsi, ce n’est pas très parlant et pourtant...

Première carte avec la part de la Surface Agricole Utilisée en 2010.

la part de la Surface Agricole Utilisée en 2010.
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La deuxième carte concerne la représentation moyenne annuelle en nitrate dans les eaux souterraines par point de mesure et par années de 2007 à 2013.

représentation moyenne annuelle en nitrate dans les eaux souterraines par point de mesure et par années de 2007 à 2013.
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Enfin la dernière carte permet de connaître les volumes d’eau prélevés pour l’alimentation en eau potable (année de référence 2012).

volumes d’eau prélevés pour l’alimentation en eau potable (année de référence 2012).
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On superpose les trois cartes et cela donne ceci....

Superposition des trois cartes.
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Au vu de cette dernière représentation, on remarquera que la pollution en nitrate dans les eaux souterraines est plus importante avec des taux pouvant atteindre plus de 50 mg par litre d’eau dans les zones où le SAU est bien implanté, c’est à dire la où se trouve une plus grande densité d’exploitations agricoles, sur toute la partie nord d’une ligne Bordeaux/Metz.
Mais le plus grave à notre sens est la proximité des prélèvements en eau potable effectué comme par hasard dans le périmètre ou les taux de nitrates sont les plus importants. On le sait, le nitrate ne fait pas bon ménage avec le corps humain. Et pourtant, il semble que les pouvoirs publics ne fassent rien pour endiguer cette pollution dont on connait l’origine avec des conséquences néfastes pour la santé publique. Alors oui, ce sont les agriculteurs qui en sont la principales causes. Oui, ils continuent sciemment de polluer les sols et par là-même les eaux souterraines. Oui, ils refusent d’admettre qu’il existe d’autres manières de cultiver le sol avec moins d’engrais azotés.
Mais quels sont les risques potentiels du nitrate dans notre alimentation ? Il « augmente légèrement » le risque de plusieurs types de cancer dont :
 le cancer colorectal,
 le cancer de l’estomac,
 le cancer de l’œsophage,
 le cancer du rein
 le cancer de l’ovaire,
 et enfin (car la liste est déjà assez longue) le cancer de la vessie .
Bien sûr le risque est plus grand pour les femmes enceintes ainsi que les nourrissons (plus d’information sur le site de Wikipédia)

On voit donc que le travail fait par Cyril Dion et Mélanie Laurent, mais surtout la formidable prise de conscience qu’il nous faut changer notre mode de vie est quelque chose de très important. Pourtant, en bas de chez nous, on continue d’avoir une pollution qui nous tue à petits feux. Il ne s’agit pas de consommer nos légumes du jardin ou du balcon, si dans le même temps l’eau servant à les faire pousser est polluée et donc insidieusement nous empoisonne. CQFD
Il faut ainsi revoir complètement nos principes sur le comment vivre mais aussi comment ne plus polluer ainsi la Terre qui nous nourrit. Mais ceci ne vous empêche pas d’aller voir Demain aujourd’hui ou demain.






Par laurent, publié le jeudi 4 février 2016
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