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Un, deux, trois... arbres

Nous ne dirons pas que nous aimons. Non, mais plutôt que nous apprécions la démarche du moteur de recherche Ecosia. Celle-ci se concrétise par un arbre planté pour 45 requêtes. Vous en doutez ? Chaque mois est publié le rapport financier indiquant le nombre de plantations effectuées.


Maintenant il faut savoir quand même que ce moteur de recherche s’appuie sur celui de Microsoft, à savoir Bing. Bien sûr, les concepteurs d’Ecosia rajoutent leurs petites soupes d’algorithmes pour se différencier de l’ainé, mais sachez quand même que Bing, traine son nez pas loin, permettant ainsi d’enregistrer différentes informations pouvant l’intéresser ainsi que d’autres partenaires ou états.

Le principe du moteur de moteur de recherche Ecosia


S’appuyant sur des partenaires de plantations, plus de 8 millions d’arbres ont été plantés depuis sa création en 2009. Actuellement, les plantations d’arbres financés par Ecosia se situent à Madagascar, en Tanzanie, au Burkina Faso, au Pérou et enfin en Indonésie.

Se définissant comme une entreprise à vocation sociale née d’un voyage autour du monde, Ecosia est implantée à Berlin et affiche en pleine page ses bonnes intentions Ainsi, elle déclare vouloir « faire évoluer notre produit et le rendre aussi performant et rentable que possible, de manière à servir le plus largement possible une bonne cause. »

Bon, très bien tout cela est parfait et on se trouve face à une société désirant apporter sa pierre à l’édifice du développement durable. Mais il n’y a t-il pas quelque part un peu de marketing bien léché et trop propret ?
Déjà, la société s’adresse aux jeunes, le tutoiement est de rigueur tant dans la présentation que des informations données à la suite d’une recherche. Un peu à l’image de l’équipe et comme dans toute société actuelle, nous avons aussi une militarisation des intitulés des emplois. Il y a ainsi une Chief Communication Officer, un Chief Opérations Officer mais aussi une comptable, pas encore Chief, mais cela ne devrait pas tarder.
Bon jusqu’à présent tout est lisse, tout le monde s’aime, se tutoie et chante ensemble « Peace and Love » en buvant de l’eau écologiquement filtrée. Mais en grattant un peu, on s’aperçoit qu’il y’a derrière là aussi une belle opération de vente d’images. Pour preuve, vous trouverez un lien vers le site Zendesk si vous utilisez l’aide en ligne.
Pour l’utilisateur lambda cette société états-unienne est parfaitement inconnue. Pourtant il l’utilise chaque jour s’il veut communiquer avec une société via l’Internet. Ainsi, elle propose des canaux comme E-mail, appel téléphonique, chat, tweet, billet... permettant une interaction entre l’utilisateur/acheteur et le vendeur. C’est bien sûr lucratif pour cette société puisque comme le soulignait le JDD du 26/10/16, elle prévoit pour l’exercice 2016, « 311 millions de dollars de CA avec pour objectif d’atteindre le milliard à horizon 2020. ». Comme on le voit les fonctions d’analyse et de reporting rapportent pas mal. Une part ayant été payée par... Ecosia. A partir de ce moment là, où se trouve sa vocation sociale afin d’apporter le bien être à notre planète ? Et puis surtout, on peut être Chief mais ne pas être capable d’apporter une réponse à la question qu’un utilisateur pose. Que voulez-vous, avoir une meilleure relation vendeur/client ne s’improvise pas. Il faut avoir fait des longues études, des années d’expériences en relations durables. Bref, dire bonjour à la boulangère demande un certain entrainement que tout le monde n’a pas obligatoirement.
Nous finirons ce court article, en vous conseillant quand même d’utiliser (mais pas trop) le moteur de recherche Ecosia, mais soyez quand même conscient que le but premier de cette société n’est pas principalement l’afforestation de notre planète. Mais plutôt de se faire de la « fraiche » comme disait mon cousin Gaston. N’oublions pas non plus, comme le souligne cet article de Félix Tréguer et Gaël Trouvé, qu’« Internet représente plus de 7 % de la consommation électrique mondiale, en croissance de 12 % par an [1]. Une simple recherche Google nécessite la même dépense énergétique que celle nécessaire à l’ébullition d’un litre d’eau. En France, l’infrastructure numérique consomme annuellement la production de 9 réacteurs nucléaires, soit 13 % de l’électricité nationale [2]. ». Alors, même si la cause défendue par Ecosia semble « noble », il s’agit avant tout de réfléchir et de mettre en place le plus rapidement possible, un outil de communication mondial consommant le moins possible et ayant un impact minime sur notre environnement. Planter des arbres peut y aider mais n’apportera pas à promouvoir un Internet propre.


[2Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot, La Face cachée du numérique. L’impact environnemental des nouvelles technologies, L’Échappée, 2013.


Par laurent, publié le jeudi 1er juin 2017
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