Rubrique Blabla & Cie

Je suis un être intelligent et je le prouve

Le saviez-vous mais depuis le milieu de la semaine je me sens plus intelligent. Depuis le 12 septembre 2018 exactement. Oui, en tant qu’individu ayant un quotient intellectuel moyen, avec pour seul bagage pas grand chose, je me sens plus intelligent que certaines personnes qui pourtant se sentent importantes. Attention lecteur de cet article, ne te sent pas visé. Non, cela ne concerne qu’une certaine catégorie de personnes, se prenant pour une élite et dirigeant une ou des sociétés, des entreprises de production, d’édition de musique et étant je peux le confirmer bêtes à manger du foin. Bien sûr vous pouvez changer cette représentation par des mots comme …. Non, cela ferait trop d’honneur à la bêtise qui les guide.
Mais pourquoi je me sens plus intelligent qu’eux ? Et bien voilà….. Qu’on se rappelle….

C’était hier, l’Internet vient de se démocratiser et voici que Napster arrive en proposant de télécharger de la musique et bien sûr gratuitement. Pataquès des maisons d’éditions musicales qui mettent en branle la machine judiciaire contre un petit Poucet. C’est si facile de s’adresser à un cabinet d’avocats plutôt que de se mettre ensemble autour d’une table et discuter, réfléchir et ainsi amener une nouvelle vision de la distribution musicale. Pognon, pognon, cela coûte cher de réfléchir et puis le pognon ils ne le sortent pas comme cela du coffre fort. Sauf pour payer des avocats. Mais je sais aujourd’hui pourquoi ils ont engraissé des justiciers au verbe haut. Attention tout ce que vous allez lire n’est jamais arrivé et nous ne pourrions pas être tenu responsable de ce que nous allons raconter, dans le cas où ce serait arrivé en tout ou partie.

Bon imaginez un hotel. Pas un Formule 1, mais plutôt le genre Palace and Co. Vous payez pour fouler le tapis de l’entrée de l’établissement, c’est vous dire le prix d’une nuitée. Mais là nous sommes en plein après-midi. Une chambre ? Non une suite c’est mieux pour le standing de monsieur le dirigeant d’une grande multinationale d’une maison d’édition musicale très connue et n’ayant à son catalogue que des pointures. Bref, monsieur ayant la soixantaine bien tassée, est dans le lit immense en compagnie d’une jeune, belle et charmante jeune fille de plus de 18 ans, qui est une vraie chaudière. Que voulez-vous pour un manteau de vison elle est prête à tout. Donc monsieur fume un gros cigare en mâle ayant accompli selon lui un exploit sportif de deux minutes trente au chrono. Tandis qu’il fume et que mademoiselle lui frisotte les quelques poils de sa poitrine, voici le dialogue entre ces deux tourtereaux.

 (Lui) Je suis bien emmerdé avec ce Napster qui me pompe mon fric
 (Elle) C’est quoi Napster ?
 Un mec qui a créé un logiciel pour partager ma musique. Mais je vais lui mettre des avocats au cul
 Ah bon ? Tu cherches un cabinet de baveux ?
 Oui. Des méchants. Tu en connais ma pupuce ?
 Bien sûr mon papounet d’amour (elle pense au vison là). J’ai même une carte d’un cabinet qu’une amie m’a remise. Tu veux les contacter ?
 Oui. Donne et si on gagne, je te le promets tu l’auras ton vison.
 Oh, que tu es coquin. Je t’adore ……

Bon, la pupuce elle a menti à son papounet d’amour. Car d’amie il n’y a point, par contre deux heures avant, toujours dans le même lit mais là avec le patron d’un cabinet d’avocats. Lui fumant aussi un gros cigare après deux minutes quinze d’exploit sportif et elle lui frisottant …..

 (Lui) Faudrait que je trouve un pigeon que je pourrais bien plumer.
 (Elle) Ah bon pourquoi mon trésor ? (remarquez qu’elle ne dit pas papounet d’amour mais qu’elle a toujours une idée de se faire offrir un manteau de vison)
 Tu comprends j’ai des traites à payer et puis je voudrais tant t’offrir un manteau….
 De vison ? Tu veux vraiment ?
 Bien sûr, je te l’ai promis. Donc si tu connais un mec que je pourrais plumer, je te donne ma carte, on ne sait jamais. Mais attention un bon gros que tu n’emmèneras pas dans ton lit ?
 Mais je n’aime que toi mon trésor adoré.

Maintenant vous savez pourquoi les patrons des maisons d’éditions musicales n’ont pas cherché à réfléchir et discuter pour nous proposer une distribution musicale intelligente.
Mais d’autres ont réfléchi à leur place. Je pense à Apple comme Spotify qui ont été assez intelligents pour phosphorer et ainsi nous proposer un produit avec une distribution qui rapporte.
Là encore les patrons d’éditions musicales, n’ayant toujours rien compris et faisant suite à un après-midi dans un hôtel de luxe, ont attaqué ces deux sociétés car elles proposaient une écoute gratuite de trente secondes des fichiers sonores. Pensez donc, c’était inconcevable pour eux. Ils ont dépensé quelques millions d’argent mais en fin de compte ils ont perdu. Mais, mais…. rappelez-vous la taxe sur les cdroms puis la taxe pour copie privée. Vous avez oublié ? Histoire de vous rafraîchir la mémoire “en France, la loi précise la clé de répartition de cette rémunération entre les différentes catégories d’ayants droit. La rémunération pour copie privée des phonogrammes profite pour 50 % aux auteurs, pour 25 % aux artistes-interprètes et, pour 25 %, aux producteurs. Celle des vidéogrammes est répartie à parts égales entre les auteurs, les artistes interprètes et les producteurs. La rémunération pour copie privée des autres œuvres profite à parts égales aux auteurs et aux éditeurs. 25 % de la copie privée sert à financer la création culturelle et artistique, les 75 % restants sont destinés à la compensation pour les ayants droit”. (site Wikipédia)
Pour vous donner un ordre d’idée quand vous achetez un produit pouvant contenir des fichiers sonores, vous voilà obligé d’acquitter une petite taxe. Petite taxe ? Pas tant que cela. La preuve en image….

Oui, vous avez bien lu, vous allez enrichir de vos 10,50 euros le fumeur de cigare et la pimprenelle qui aura son dixième manteau de vison.
Je vous rassure, je ne m’éloigne pas de ce que je disais en ce début de cet article. Je me sens vraiment plus intelligent depuis le milieu de la semaine. Je le prouve avec cette directive européenne sur le droit d’auteur votée ce mercredi 12 septembre qui va comme me le disait un ami “tuer l’Internet que nous connaissons aujourd’hui”. Car ne nous trompons pas demain, je ne pourrai plus citer une information permettant de vous donner une opinon sur tel ou tel produit. Comme l’indique le journal Le Monde (demain je ne pourrai plus le citer car je devrai payer un droit d’auteur) “...l’article 13 obligera tous les sites importants qui permettent aux internautes de poster du contenu (réseau social, service de vidéo en ligne…) à nouer des accords avec les titulaires des droits d’auteur (de la musique, de l’image, de la vidéo…). Cet accord (et cette rémunération) permettra aux utilisateurs de partager légalement les contenus soumis aux droits d’auteur, et aux plates-formes internet de les laisser faire…..Seront concernés tous les sites qui permettent aux internautes de poster du texte, du son et de la vidéo, à l’exception des sites de très petite taille et des encyclopédies en ligne. Cela signifie concrètement que quasi tous les contenus postés par les internautes seront inspectés, et que, si nécessaire, leur publication sera bloquée.” Donc demain, si vous postez un commentaire et que je le cite dans un article je devrai payez un droit d’auteur, sinon le texte sera bloqué. Pareil pour les liens et autres informations n’émanant pas de mon clavier. Crac. Bloqué ou je paye.
Mais ce n’est pas tout. Ainsi comme l’écrit si bien La Quadrature du NetHélas, le débat ne s’arrête pas là. À côté, on retrouve les éditeurs de presse qui, eux non plus, pour la plupart, n’ont jamais su s’adapter. Du coup, ils exigent aujourd’hui que Facebook et Google les financent en les payant pour chaque extrait d’article cité sur leur service. Mais quand les revenus du Monde ou du Figaro dépendront des revenus de Google ou de Facebook, combien de temps encore pourrons-nous lire dans ces journaux des critiques de ces géants ? Plutôt que de s’adapter, les éditeurs de presse préfèrent renoncer entièrement à leur indépendance, sachant par ailleurs que bon nombre d’entre eux mettent en œuvre des pratiques tout aussi intrusives que celles des GAFAM en matière de publicité ciblée (relire notre analyse de leurs pratiques et de leurs positions sur le règlement ePrivacy)".

Comment nous en sommes arrivé là ? Le pognon ? Le pognon pour le manteau de vison tout simplement. Et que va t-il se passer demain ? Je vous laisse imaginer le bel Internet que nous aurons demain car des soit disant dirigeants intelligents de sociétés de médias n’’ont rien compris car étant bêtes à manger du foin. Alors qui a dit que je n’étais pas intelligent ?



Par laurent, publié le vendredi 14 septembre 2018
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